FRANGY

En 1536, les Etats de Savoie furent envahis de trois cotés à la fois. François Ier, roi de France s’empara en peu de temps de la Bresse, du Bugey, de la Savoie propre, du Genevois, du Faucigny, de la Tarentaise et de la Maurienne. Les troupes de Berne, alliées de Genève occupaient le Pays de Vaud, le Chablais à l’ouest de la Dranse, les baillages de Ternier (plaine de Saint-Julien) et de Gaillard et le bas Faucigny et y établissaient le protestantisme naissant. En même temps le bas Valais et le Chablais jusqu’à la Dranse se donnaient aux Valaisans, pour échapper aux protestants de Berne. Les princes de Savoie avaient perdu alors presque tous leurs Etats. 

Par le traité de Cateau-Cambrésis 1559, le roi de France Henri II et les suisses doivent rendre au duc de Savoie tous ses Etats y compris la Bresse et le Bugey, moins cependant le pays de Vaud, qui resta aux Bernois.

En 1599 – 1600 Henri IV envahit de nouveau la Savoie, la Bresse, le Bugey. Ces troupes s’emparent successivement de toutes les villes et de tous les forts que le duc avait eu tant de peine à édifier. En quelques semaines la Savoie tout entière était au pouvoir des Français. Par le traité de Lyon 1601 le roi de France garde toutes les possessions du duc sur la rive droite du Rhône ainsi que l’ensemble des ponts ainsi que la commune située au bout du coté Savoie et les chemins de halages (entre Pierre-Châtel et Seyssel) sur la rive gauche. La Savoie était ainsi exclue de toute navigation.

Frangy - Chaumont

Le village de Frangy, situé sur la voie romaine qui reliait Vienne (capitale des Allobroges) à Geneva (ville marchande européenne) a toujours été un lieu de passage. Il produit depuis le 14ème siècle un vin blanc réputé, la Roussette. Selon la légende, un duc de Savoie aurait rapporté ce cépage « l’altesse » de Chypre, en rentrant de l'empire romain d'Orient où il était allé guerroyer..

L’ancien village de Frangy dépendait au Moyen-âge de la châtellerie de Chaumont située sur les contre-forts de la montagne du Vuache. En novembre 1590, lors des guerres de Religion, les Genevois et Bernois, après avoir manqué leur attaque contre la place fortifiée de Chaumont, par dépit incendient Frangy qui avait le tort d'être sur leur route. En cette période, l'histoire du Château de Chaumont relate aussi l'épisode malheureux du châtelain de Chaumont condamné au bûcher parce qu'il n'avait pas abjuré sa religion protestante.

 Le village de Chaumont, adossé à la montagne de Vuache, a eu par le passé une grande valeur stratégique et administrative, en raison de sa situation sur l'axe Genève-Seyssel. Le bourg a même hébergé, jusqu'au XVIIIe siècle, un trafic semi-clandestin fort lucratif de blé de France en direction de Genève. Les récoltes, qui arrivaient d'une enclave savoyarde en France, la vallée de la Valserine, transitaient par Chaumont avant de gagner leur destination. Le rattachement, en 1760, de la Valserine à la France fit rapidement décliner ce trafic. Au XIXe siècle, Chaumont perd de son importance au profit de Frangy...  

Au début du XIXe siècle, la petite cité de Frangy ne dispose que de peu d'accès vers l'extérieur: la route de Seyssel, celle de Genève par Chaumont et celle de Chambéry par Rumilly.

Le grand pont qui enjambe la rivière « Les Usses » à l’entrée ouest de Frangy fut entrepris par Charles Emmanuel II (1634-1675) qui mourut pendant sa construction. Ce pont devint le meilleur passage de Chambéry à Genève.

Frangy fut rattachée une première fois à la France après la révolution, le 15 décembre 1792 dans le département du Mont-Blanc (84e départ.) jusqu’en 1798 date à laquelle ce département fut scindé en deux pour partager son territoire avec celui du Léman jusqu’en novembre 1815.

Depuis Genève proche, les protestants exercent une forte pression, cependant la région reste fidèle à l'Église catholique romaine, mais surtout à François de Sales à qui les populations vouent une véritable dévotion.

François de Sales (1567-1622), né au château de Sales près de Thorens-Glières (ville du duché de Savoie et aujourd'hui commune du département de Haute-Savoie), est un évêque Piémontais.

Issu d’une famille noble, il choisit le chemin de la foi en consacrant sa vie à Dieu, il renonça à tous ses titres de noblesse. Il devint l'un des théologiens les plus considérés au sein du christianisme. Ce grand prêcheur accéda au siège d'évêque de Genève. Il exerça une influence marquante au sein de l'Église catholique mais également envers les détenteurs du pouvoir temporel que furent, entre autres, ses souverains, les ducs Charles-Emmanuel Ier et Victor-Amédée Ier de Savoie et les rois Henri IV et Louis XIII de France.

Depuis la Réforme protestante et l'émergence du calvinisme, le siège de l'évêché de Genève avait été exilé à Annecy depuis 1536. Dans un discours qui resta célèbre, il annonça son programme : « C'est par la Charité qu'il faut ébranler les murs de Genève, par la charité qu'il faut l'envahir, par la charité qu'il faut la recouvrer (...) ».

La Réforme s'était répandue à la faveur d'une brève domination bernoise (1535-1564) et le Chablais avait conservé la nouvelle religion. Le duc Emmanuel-Philibert de Savoie, satisfait d'avoir repris le pays, s'était montré fort tolérant. Mais son fils, Charles-Emmanuel décide d'appliquer le principe politique et juridique qui régissait alors la religion : « une foi, un roi, une loi », toute division étant considérée comme une division de l'unité du royaume. En 1598, il décida de restaurer complètement le catholicisme dans le Chablais en employant un plan de coercition : confiscation et destruction des livres protestants, expulsion des ministres calvinistes avec interdiction d’exercer toute charge publique. Il fait venir des Jésuites et des moines, dont les arguments sont renforcés par des troupes militaires, composées de vétérans des guerres indiennes au Mexique, que l'on fait loger chez les habitants réfractaires. Quant à ceux qui persistaient, Charles-Emmanuel de Savoie leur offrait l’alternative de se convertir ou de partir en exil dans les trois jours.

En 1600, le duc Charles-Emmanuel Ier de Savoie entre en conflit avec le roi de France Henri IV ; pendant cette période de guerre qui se termine par le Traité de Lyon, une partie des biens régionaux sont pris par les calvinistes. Lors de sa visite en 1600, Henri IV se rend à Annecy, (ville alliée du roi de France et siège de l'évêché du Chablais) et rencontre l'évêque Claude de Granier ainsi que François de Sales.