LA CONFLUENCE DRÔME-RHÔNE

La confluence Drôme -Rhône, l’île de Printegarde : Située le long du Rhône sur les communes de Livron et La Voulte, cette zone est recouverte de vastes roselières favorables à la nidification des oiseaux d’eau et le stationnement de milliers de canards en hiver. A la confluence la Réserve Naturelle de Printegarde accueille oiseaux migrateurs et plus d’une centaine d’espèces de libellules. Balisage et panneaux d’interprétation sur les sentiers de randonnée, le long des cours d’eau. La confluence est un lieu privilégié pour l’observation des oiseaux migrateurs au printemps et à l’automne. Outre son intérêt écologique, cet île présente un attrait paysager devenu rare et typiquement Rhodanien.

LE POUZIN

À l’origine, il existait une ville Romaine sur le territoire de Le Pouzin : Batania, mais la cité fut ravagée par des barbares au Vème siècle, puis par les Sarrasins au VIIIème siècle. Au cours de son histoire, Le Pouzin a connu de nombreuses périodes de guerres destructrices, notamment pendant les guerres de religion, car le Pouzin abritait une forte population de Protestants, qui furent persécutés par les armées royales au XVIIème siècle.

LA TRAVERSEE DU RHÔNE, UNE EPREUVE PARTICULIERE

A partir de témoignages de réfugiés, qui ont réussi à gagner le refuge de Genève en empruntant le « Grand Chemin » des Cévennes en rive droite du Rhône jusqu’au Pouzin, on peut mesurer les difficultés particulières auxquelles ils étaient confrontés pour traverser le fleuve : certes, ils savaient qu’il existait au Pouzin quelque aubergiste qui leur procurerait passeurs et guides pour franchir le Rhône en barque, évitant ainsi le bac à traille toujours très surveillé ; mais traverser le Rhône en barque ne s’improvise pas :  Il faut choisir la « bonne » saison pour le traverser, en évitant les crues qui emporteraient la barque, mais aussi les étiages, faisant émerger rochers ou bancs de sable contre lesquels la barque s’échouerait : d’évidence, passeur et guide expérimentés s’imposaient, qu’il faudrait  en contrepartie rémunérer, de même que l’aubergiste et les  voituriers  qu’on retrouvait en rive gauche (à Loriol ou Livron). On imagine aisément que les fugitifs vivaient cette étape dans la peur constante d’être identifiés et dénoncés car la loyauté de ces guides et passeurs est aléatoire ; en même temps, ils sont préoccupés par les sommes d’argent à débourser, et souvent angoissés face aux risques physiques que comporte une telle traversée.
Il existait de nombreux passages pour traverser le Rhône, à condition d’avoir un « passeport » en règle et  de l’argent : il se disait communément, à l’époque, « Pour de l’argent, on passe le Rhône partout » ; mais les Huguenots n’avaient ni « passeport », ni beaucoup d’argent et, dans leur souci de rejoindre au plus vite soit le « Refuge », soit le Dauphiné en évitant Valence, nombreux sont ceux qui choisirent le Pouzin pour traverser le fleuve, car, à cet endroit (entre Le Pouzin et Rompon), le fleuve est parsemé d’iles au statut aussi incertain que leur pérennité : appartiennent-elles au Dauphiné ou au Vivarais ? Existeront-elles encore après la prochaine crue ? Néanmoins, elles offraient un avantage inestimable à ceux qui fuyaient les troupes royales : ces iles, situées au milieu du fleuve et habitées par des pécheurs et des paysans plus ou moins acquis aux idées de la Réforme, étaient beaucoup plus difficile à surveiller : ce qui laissait espérer aux Huguenots  qu’elles pourraient être, pour eux, un refuge temporaire.
On ignore combien de protestants en exode ont franchi le Rhône au Pouzin sans encombre, les historiens ne rapportant que les voyages brutalement interrompus par des arrestations, suivies de condamnation de personnes ayant déjà une certaine notoriété :

-    L’arrestation à Livron de deux Camisards et de leur guide, ayant tenté le passage du Rhône au niveau du Pouzin en 1706 est relatée dans le randoguide. 

-    Le Pasteur Roger (proche de Louis Ranc) a échappé, en 1715, à la surveillance des gardiens du bac du Pouzin, qui, bien que l’ayant longuement interrogé, ne l’ont finalement pas reconnu.

-    Le Pasteur Jean Bernard avait une maison à Rompon (rive droite) et louait des terres dans les îles « pour faciliter le passage du Rhône à ses émissaires » ; il y fut arrêté en 1734, puis emprisonné au fort de Brescou, où il mourut en 1746.

-    Jean-Pierre Dortial (« prédicant, camisard, inspiré »), installé chez Souchon dans les « Isles du Rosne », y est arrêté en 1742 ; cette arrestation justifiait le paiement d’une amende….qui a occupé les tribunaux pendant plus de 20 ans, car on ne savait pas à qui les protestants devaient payer l’amende : au Dauphiné ou au Vivarais ?

LIVRON SUR DRÔME

Perché sur l'autre rive du Rhône, à la confluence avec la Drôme, le site du Haut-Livron occupe une autre position stratégique. Il est fort possible qu’un oppidum gaulois en occupe le sommet, avant l’arrivée des Romains. Très tôt aussi, la légende a fleuri sur ce lieu fort, battu par les vents. Ainsi la "Tour du Diable" serait habitée par des êtres surhumains qui se réservaient la garde de la forteresse. Lorsqu'on introduisait, le soir, un soldat pour faire le guet, au lever du jour, celui-ci était retrouvé endormi au pied de la tour et cependant les portes étaient closes. Il n'avait rien vu, rien entendu…".

A partir du XIIe siècle, la population s'accroît rapidement et au début du XVIe siècle le bourg compte 1200 habitants. La petite ville en pleine croissance accueille favorablement la Réforme. Ce mouvement est favorisé par la nomination d’un nouvel évêque pour Valence et Die : Jean de Montluc, acquis à l’idée d’une réforme de l’Église catholique. Dès l'année 1562 Livron sera concernée par la guerre mais les opérations ne toucheront directement le bourg qu’au printemps 1570 lorsque le chef protestant Montbrun y loge une partie de sa troupe. Livron assiégée par les troupes d’Henri III, repousse à trois reprises les assauts de l'armé royale (1574 - 1575). Cet échec fait grand bruit et Livron devient en 1599 l’une des douze places de sûreté accordées aux protestants en Dauphiné.

La terrible épidémie de peste de (1629 - 1631) passée, la lutte reprend et cette fois le parti catholique en sort vainqueur. La démolition du château et des murailles de Livron en 1633, sur ordre de Louis XIII et Richelieu, marquent une nouvelle étape : son emploi de place forte est terminé. Seule subsistera "la tour du diable" à laquelle personne n'osera toucher…

La puissance du parti protestant local pourtant majoritaire, a été peu à peu anéantie de 1635 à 1684. Puis vint le temps d’éliminer purement et simplement la religion protestante. Furent employés par l’État à la fois la carotte et le bâton : on offrait une prime ou l’exemption d’impôt en cas d’abjuration, sinon on menaçait d’envoyer les dragons. Les interdictions de culte et les ordres de démolition des temples se multiplient dans la région dès 1683.

Les protestants livronnais n’abjureront pas facilement ; il faudra, à l’automne 1685, de dures dragonnades pour que les choses changent. Cela s’était passé de façon analogue dans tout le pays, si bien que, sur le papier du moins, presque tous les protestants avaient abjuré et Louis XIV put révoquer l’édit de Nantes, devenu soi-disant sans objet.

Des Livronnaises et des Livronnais émigrèrent : on trouve trace de plusieurs dizaines de secourus par la Bourse de Genève. Cette émigration se dirigea surtout vers l’Allemagne.

L'horizon s'éclaircit vers le milieu du XVIIIe siècle : L'industrie de transformation de la soie est en plein essor : filatures, moulinages, tissages et élevage du vers à soie créent de nombreux emplois. D'imposants bâtiments en témoignent encore à Livron et dans toute la Vallée de la Drôme.

Sources : Regard sur le passé Livronnais – Site web Mairie de Livron / Histoire de la vie des habitants de Livron : 450 ans de présence protestante : Jean Pierre Bernard, édition du Crestois 2012. Histoire du Département de la Drôme -Les Protestants- collection Histoire et Patrimoine Drômois de Jean Noël COURIOL . 2005